Liste des baies de la cathédrale
Je profite de cette page pour attirer l'attention des personnes intéressées sur mon travail en préparation sur le modèle de comput ecclésiastique de Schwilgué construit en 1821. Ce travail est presque achevé, mais a besoin de vous pour être mené à terme.
Introduction
Le but de mon travail sur les vitraux est de rendre plus accessibles les vitraux de la cathédrale de Strasbourg qui ne sont aujourd'hui décrits que dans des ouvrages difficiles d'accès, ou de manière très partielle. Par ailleurs, le principal ouvrage sur les vitraux paru en 1986 [CV1986, cf. ci-dessous] n'a pratiquement que des vues en noir et blanc et les détails ne sont pas tous visibles. J'ai voulu remédier à cela, en réalisant des photographies souvent plus détaillées que celles publiées, tout en permettant une correspondance avec les travaux publiés. Plus de 2000 photographies ont été réalisées (sous licence CC BY-SA), avec des moyens assez sommaires, et des renvois précis ont été donnés vers les ouvrages CV1986 et CV2007 (détails ci-dessous), permettant à tout un chacun d'approfondir le sujet s'il le souhaite.
Mon but n'a en aucun cas été de réaliser une nouvelle étude sur les vitraux. Je ne suis pas un spécialiste du vitrail, mais je me bats pour l'accessibilité à la connaissance, qui n'est pas concrétisée par la DRAC, ni dans le Grand-Est, ni ailleurs, ni par les musées de Strasbourg et bien d'autres. Ce travail est une petite contribution à ce projet.
Sources
Pour les sources sur les vitraux, on se reportera à CV1986 et CV2007 qui donnent des références très détaillées. Je mentionne ici seulement quelques ouvrages que j'ai eus en main ou des documents que j'ai vus, ainsi que divers documents plus récents.
On trouvera dans [Eckert2017] (pages 94-97) des vues des baies 4, 5 et 6 du transept nord (numérotées par Eckert 3, 2, 1) auxquelles je n'ai pas eu accès. On y trouvera aussi page 105 des vues des baies nord et sud du chœur. En pages 106-108, on verra quelques extraits des baies de la galerie d'abside. En page 109, une vue d'un vitrail de la crypte. Pour le transept sud, Eckert utilise la même numérotation que [CV1986]. Les parties inférieures des baies 6 et 7 du transept sud sont illustrées en pages 121 et 122. Pour les baies hautes, Eckert a pris ses photographies depuis le triforium, ce que nous nous ne pouvions pas faire.
Autres sites
Quelques sites décrivent déjà certaines baies, par exemple les pages de Jean-Yves Cordier pour les baies 3 et 6 du bas-côté sud et le vitrail de Véronique Ellena (liens donnés sur les pages respectives de ces baies). On peut aussi citer une page des musées de Strasbourg, les pages de Denis Krieger consacrées aux vitraux de la Cathédrale (avec la nomenclature de la DRAC, voir ci-dessous) et à ceux du Musée de l'Œuvre Notre-Dame, et enfin le site d'Ernest Muller (voir aussi ici). Ces sites donnent des aperçus d'un certain nombre de vitraux que je n'ai pas décrits.
Plus généralement, il y a déjà de nombreuses photographies des vitraux de la cathédrale de Strasbourg sur Wikipédia, mais sans qu'elles soient vraiment organisées. On en trouvera une liste partielle ici.
Enfin, signalons la page Wikipédia sur les vitraux de la cathédrale, grandement alimentée par Louis Panel, depuis le 30 août 2023, après que je lui eus signalé mon site.
Nomenclature des vitraux
Différents ouvrages utilisent différentes nomenclatures pour les vitraux. En 1942, Zschokke [Zschokke1942] a par exemple affecté le 1 à la grande rose occidentale, 2 et 3 aux baies hautes du narthex, 4 à 15 aux lancettes sous la grande rose, 16 et 17 aux baies basses du narthex, puis 18 à 24 aux baies hautes nord, puis 25 à 31 aux baies hautes sud, puis les lancettes du triforium de 32 à 87, puis les bas-côtés de 88 à 101 (en numérotant les baies vides au niveau des deux chapelles), etc. Cette nomenclature est certes suffisante pour l'ouvrage et elle permet de repérer les vitraux, mais elle présente tout de même des inconvénients.
Dans [Beyer1970], une nomenclature plus rationnelle est utilisée, avec notamment les bas-côtés numérotés à partir de I (depuis l'est). Cette nomenclature présente sur celle de Zschokke l'avantage de la symétrie. On peut très facilement passer d'un numéro de baie à celui de la baie qui lui fait face.
Dans le grand ouvrage [CV1986], on a une numérotation par secteurs (chœur, transept, narthex, triforium, bas-côtés et haute-nefs, chapelles), en distinguant le nord et le sud et en numérotant les baies à partir de l'est. Cette numérotation reprend et complète celle de [Beyer1970]. Par exemple, les baies hautes au sud sont nommées S I, S II, S III, etc. Les bas-côtés suivent le même principe, mais avec des lettres minuscules, on a donc s III, s IV, etc. (Dans [Beyer1970], les bas-côtés commençaient à I et non à III. En fait, il est plus logique de les faire commencer à III, ce qui laisse la possibilité de remplir les baies I et II actuellement vides.) Malgré les avantages de la nomenclature de [CV1986], l'emploi de majuscules et de minuscules peut être source de confusions, que ce soit dans une transcription, ou dans le cas d'un traitement informatique.
Le Corpus Vitrearum (auquel je ne suis pas lié) semble suggérer une numérotation par niveaux, les numéros inférieurs à 100 correspondant aux bas-côtés, les numéros de 100 à 199 au niveau supérieur, etc. De plus, les numéros pairs sont réservés pour le sud, tandis que les numéros impairs correspondent au nord. Les numérotations se font à partir de l'est. Avec cette numérotation, par exemple employée dans le fascicule [Patrimoine restauré 16], la baie 116 (haute-nef sud) fait face à la baie 115 (haute-nef nord), mais la baie 26 (bas-côté sud) fait face à la baie 21 (bas-côté nord). De plus, les lancettes du triforium ne semblent pas numérotées. Cette nomenclature, même si elle suit les recommandations du Corpus Vitrearum, est une nomenclature d'un autre temps. Elle ne respecte pas les principes élémentaires de symétrie et tout au plus a-t-on une idée du niveau des baies. Cette nomenclature, notamment employée par la DRAC, est avant tout utile pour un stockage séquentiel des archives, mais elle est totalement inadaptée à une communication dans un ouvrage. Elle met en lumière l'intérêt d'avoir plusieurs nomenclatures différentes pour différents usages. Celle de la DRAC a avant tout une utilité interne, mais même pour l'archivage, elle n'est pas indispensable.
D'autres auteurs, comme Eckert en 2017 [Eckert2017], utilisent une numérotation ad hoc partielle, pour les besoins limités de leurs ouvrages.
Toutes ces nomenclatures sont inadéquates, mais celle utilisée par Zschokke et celle prônée par le Corpus Vitrearum le sont encore davantage. De toutes les précédentes, celle qui est la meilleure pour des descriptions dans des ouvrages ou ailleurs est sans conteste celle de CV1986, mais elle est perfectible. Il faut aujourd'hui privilégier une nomenclature rationnelle, où la symétrie doit être systématiquement observée (ce qui élimine Zschokke et le CV), mais aussi qui élimine toute ambiguïté et permet facilement de repérer les baies, sans avoir à consulter systématiquement un plan. Enfin, une bonne nomenclature doit être adaptée à un traitement informatique et notamment au nommage de fichiers.
Ce que les auteurs de nomenclatures ne semblent pas (encore) avoir compris, c'est qu'une nomenclature donnée ne peut convenir à tous les besoins et qu'il est au moins utile d'avoir une nomenclature pour l'archivage et une nomenclature distincte pour l'étude, la documentation, les publications, etc. Le fait d'utiliser une nomenclature interne pour un besoin externe a conduit aux nomenclatures malhabiles des publications des Monuments Historiques et de la DRAC.
Pour toutes ces raisons, j'ai décidé d'adapter la nomenclature CV1986 en identifiant systématiquement une baie par 1) une zone (par exemple « bas-côté » ou tout simplement « bas » ), 2) un côté (par exemple « nord »), puis un numéro que l'on peut faire commencer de l'est, si on le souhaite. Dans quelques cas, j'ai encore subdivisé la baie, par exemple au niveau du transept sud ou du narthex. Plutôt que de parler de baie N IV, je préfère parler de « haut-nord IV », ou mieux « haut-nord 4 » qui est mieux adapté au tri. Même si c'est plus long, cela permet ensuite d'envisager des fichiers haut-nord-4-1, haut-nord-4-2, haut-nord-4-3, etc., alors que N-4-1, N-4-2, etc., pourraient facilement être mal transcrits en n-4-1, n-4-2, etc., et donc être sources de confusions.
Toutes mes photographies suivent ce principe. Chaque photographie est préfixée de l'identification de la baie, qui explicite clairement la zone de la baie. Les panneaux des baies ont été numérotés par CV1986, mais je me suis limité à numéroter les lancettes de a) à d) dans les descriptions, sans le faire figurer dans les noms des fichiers. Rien n'empêche quelqu'un d'autre de créer une numérotation plus fine (on pourra alors reprendre la numérotation des panneaux de CV1986, cf. panneaux 1, panneaux 2, panneaux 3, panneaux 4 et panneaux 5). Pour ce qui me concerne, je me suis contenté de numéroter les photographies par baies et de leur donner une légende. Cela suffit amplement au repérage. J'ai aussi prévu trois chiffres par numéro, ce qui permet d'avoir jusqu'à 999 vues par baie. Ici, je n'ai pas dépassé 90 vues par baie.
Principes des photographies
Les photographies ont été prises en juillet et août 2023 et couvrent pratiquement tous les vitraux accessibles au public, à l'exception de certaines baies du transept nord, de la galerie de l'abside, des baies latérales du chœur et de quelques autres baies. Ne sont pas non plus couverts les vitraux conservés au musée de l'Œuvre Notre-Dame. On trouvera une liste complète des vitraux existants dans les ouvrages CV1986 et CV2007 auxquels j'ai essayé de faire référence autant que possible.
Dans chaque baie, j'ai essayé de préciser autant que possible les personnages et scènes représentés en donnant des renvois précis vers CV1986 et CV2007. Les descriptions sont pour l'instant sommaires, mais pourront être complétées par la suite. Certaines vues montrent des panneaux partiels et n'ont pas été annotées, mais peuvent facilement être repérées à l'aide des autres annotations. Certaines vues pourraient être redressées, mais j'ai décidé de ne pas le faire, car c'est trop fastidieux et d'un intérêt limité (comme le détourage). Cela pourrait peut-être se justifier pour les baies hautes qui sont très écrasées.
Les photographies des baies hautes ont été prises à la plus grande distance possible au sol. Pour les bas-côtés, les parties supérieures (roses) ont été prises à la fois de près (à hauteur des bancs) et depuis le bas-côté opposé. Les différents panneaux ont été pris à proximité des vitraux, à hauteur des bancs. Il en est de même en général des vitraux de la chapelle Saint Laurent, sauf pour quelques panneaux du bas qui ont été pris depuis l'allée centrale de la cathédrale. Les vitraux de la chapelle Sainte Catherine ont été pris à hauteur des bancs du bas-côté sud, sauf pour quelques vues prises à hauteur des grilles ou dans la chapelle elle-même. Le nouveau vitrail de 2015 a été photographié depuis l'intérieur de la chapelle. Les vitraux du narthex ont été photographiés dans le narthex, soit à la plus grande distance possible pour les baies hautes, soit vers le milieu de la cathédrale pour les baies basses. Les vitraux du transept nord ont été photographiés à hauteur de la chapelle Saint Laurent. Ceux du transept sud ont été photographiés depuis le transept, à l'exception de la baie I qui a été photographiée à hauteur de la chapelle Sainte Catherine. La grande rose occidentale a été photographiée depuis l'allée centrale. Enfin, les vitraux du triforium ont été photographiés depuis les bas-côtés opposés.
Un certain nombre de vues ont volontairement été sous-exposées, et j'ai inclus toutes ces vues (sous-exposées et sur-exposées) dans ma couverture. Cependant, la sous-exposition n'a pas été appliquée à tous les panneaux, faute de temps. Cela permet néanmoins d'avoir un aperçu des détails qui peuvent être mis en évidence en sous-exposant les photographies.
Il serait évidemment souhaitable de compléter ma couverture pour combler les lacunes, mais aussi d'améliorer telle ou telle photographie :
En ce qui concerne la présentation des vues, celle-ci pourrait certainement être améliorée, notamment au niveau de la navigation, mais je laisse à d'autres le soin de le faire.
Restaurations passées
Les restaurations récentes des vitraux de la cathédrale ont fait intervenir les ateliers Vinum et Parot. Pour l'atelier de Pierre-Alain Parot (1950-2023), voir ici et l'hommage de France 3.
Je ne dispose pratiquement d'aucun document sur les restaurations. J'ai demandé il y a plusieurs années et à plusieurs reprises des comptes-rendus des réunions sur la restauration des verrières situées au-dessus de l'horloge astronomique et les conservateurs de la DRAC (Christelle Creff, Louis Panel, Jonathan Truillet, Carole Pezzoli, Alexandre Cojannot, Laure Mendousse) n'ont jamais accédé à mes demandes, en général en prétextant que mes demandes étaient abusives. (Par ailleurs, Mme Creff, Mme Pezzoli, M. Panel et M. Truillet ont tenté de m'intimider en écrivant à l'un de mes employeurs et ils ont aussi porté plainte contre moi, afin de supprimer mes demandes et critiques, alors que je ne faisais que mon travail de chercheur.) La DRAC oublie systématiquement qu'elle a aussi une mission de soutien des initiatives visant à valoriser le patrimoine et que ces initiatives n'émanent pas que des conservateurs. Ce n'est pas non plus, évidemment, à la DRAC d'organiser la recherche sur le patrimoine.
Par ailleurs, les restaurateurs refusent presque systématiquement de communiquer leurs rapports, sans doute parce que les conservateurs les dissuadent de le faire. Tout ceci ne fait qu'anéantir la transmission des connaissances et rend impossible un retour d'autres chercheurs et du public sur les travaux réalisés. C'est évidemment aussi une marque de condescendance de la part des conservateurs et de dénigrement à la fois du public, mais aussi des chercheurs indépendants. Enfin, c'est un signe d'incompréhension de ce qu'est le patrimoine. Pour certains conservateurs, le patrimoine ne doit être géré que par eux, et le public doit au plus savoir qu'une restauration a eu lieu et faire confiance aveuglément dans le travail de la DRAC.
Il serait donc souhaitable que la DRAC rende publics tous les rapports de restauration sur les vitraux, afin que la recherche puisse avancer. Chaque restauration donne lieu à d'innombrables documents et ces documents ne devraient pas être jalousement gardés par les conservateurs du patrimoine, mais communiqués aux destinataires du patrimoine, c'est-à-dire au public. Le patrimoine doit être accessible entièrement et à tous, pas seulement sous forme matérielle, et ce n'est pas à la DRAC de décider de qui reçoit quoi. La DRAC doit avoir comme mission la communication totale des archives et donc des connaissances, ce qui est loin d'être le cas effectivement. Bien sûr, cela prend du temps et demande des moyens, mais cela demande aussi une volonté aujourd'hui clairement inexistante chez les conservateurs. Dans l'état actuel, la DRAC étouffe en fait petit à petit la recherche, sans même s'en rendre compte, parce qu'elle est incapable de saisir les opportunités de valorisation du patrimoine (qui sont éphémères) et qu'elle travaille donc en partie contre le patrimoine.
Dans un premier temps, pour faire avancer les choses, il serait utile d'établir la liste de tous les documents en possession de la DRAC, que ce soient des rapports de restauration, des comptes-rendus de réunion, etc. Ensuite, certains de ces documents pourraient être mis en ligne. Cela demanderait un effort minimal de la part de la DRAC, la plupart des documents étant sous forme numérique.
J'encourage en tous cas la DRAC à s'ouvrir davantage et à réaliser que les compétences utiles au patrimoine ne se trouvent pas qu'au sein des entreprises et des artisans, et que par ailleurs les chercheurs ne travaillent pas pour la DRAC, mais que chercheurs et conservateurs sont au service du patrimoine et de la connaissance.
Projets de nouvelles restaurations
Mes photographies montrent qu'il y a aujourd'hui de véritables problèmes, notamment pour les vitraux de la haute-nef sud. Beaucoup d'éléments sont visiblement très sales (voir par exemple ceux de la baie 1 de la haute nef sud) et les vitraux sont globalement peu lisibles. Certains visages sont presque noirs. Ces baies crient à la restauration !
Les baies de la chapelle Sainte Catherine mériteraient aussi d'être restaurées. Enfin, au niveau de la chapelle Saint Laurent, les baies III et IV sont difficilement lisibles, en partie en raison de la baie V sans vitraux. Il serait donc utile d'assombrir cette chapelle en lançant une commande de vitraux pour la baie V, comme cela avait été le cas en 2015 dans la chapelle Sainte Catherine. Cela ne résoudra peut-être pas tous les problèmes de lecture des baies III et IV de la chapelle Saint Laurent, mais cela devrait les améliorer. Il se peut qu'il soit aussi nécessaire de restaurer ces vitraux, mais il est aussi possible que ces deux baies soient plus sombres que les deux autres. Certaines de mes photographies des baies III et IV de la chapelle Saint Laurent peuvent certainement encore être améliorées en les refaisant lorsque le soleil est le plus au nord (en juin en fin d'après-midi, voire le matin) et que le temps est couvert.
À vous d'aller plus loin !
Mon travail est perfectible, mais il permet de donner une vue d'ensemble des vitraux et permet en même temps d'identifier ceux qui devraient être mieux photographiés, soit avec une meilleure exposition, soit avec un plus grand agrandissement. Cela dit, par comparaison avec les photographies publiées, il apparaît que le problème principal de certaines de mes photographies est la surexposition, notamment dans les baies hautes (mais il faut tout de même remarquer que de nombreuses photographies de CV2007, surtout pour la galerie du chevet, sont aussi surexposées, ce qui peut surprendre pour un ouvrage « professionnel »).
Il me reste à espérer que ce travail sera poursuivi par d'autres, sera détaillé encore davantage, que tous les vitraux seront mieux photographiés, que ceux auxquels je n'ai pas eu accès le seront aussi, et que toutes ces photographies seront accessibles librement et à tous. Enfin, des travaux similaires pourraient être entrepris pour toutes les églises et cathédrales de France.
Copyright D. Roegel, 6 septembre 2023. (contact : vitraux.strasbourg sur gmail)